Notre invité du jour est aujourd’hui Vinciane Verguethen choisie par Mathieu Drouet il y a quelques temps sur ce blog.
J’ai 30 ans et j’ai commencé la photographie quelque part en 2002, avec un vieux boîtier russe pendant les concerts dont je rendais compte comme chroniqueuse sur le webzine Le Cargo!. L’arrivée du numérique et l’avènement des blogs m’ont tout droit conduite à ouvrir mon premier photoblog en 2003 et de là tout s’est enchaîné…
L’émulation entre photographes, les rencontres fondatrices, les collaborations en pagaille… De fil en aiguille et après avoir travaillé près de huit ans dans le milieu de l’information, je me suis lancée en 2008 comme photographe indépendante spécialisée dans la communication et l’événementiel.
Au travers de la photo, j’aime l’idée de mettre en valeur les gens et leurs initiatives.
1. Je sais que cette question est difficile mais si vous ne deviez conserver qu’un seul appareil photo, ce serait lequel ?
Vinciane : Au quotidien je n’utilise qu’un seul appareil photo, mon canon 5D (même pas mark II), donc ce serait forcément celui-là ! J’en suis vraiment très satisfaite et je dirais qu’il n’est qu’un moyen et non une finalité. Je suis très attachée au numérique parce que c’est une technologie qui correspond bien à ma manière de faire de la photo. Le temps réel, la possibilité de diffuser, échanger rapidement me conviennent vraiment bien. Je n’ai pas eu suffisamment le temps de pratiquer la photo argentique pour qu’elle me manque dans mon exercice quotidien. Pourtant, le moyen format et le travail à la chambre me fascinent -bien que je ne les aie jamais pratiqués – et le rendu physique de l’argentique tout autant. Peut-être que je finirai par revenir au boîtier Zenit avec lequel j’ai été initiée à la photo pour y confronter ma pratique actuelle. Ou alors, peut-être que subtiliserai un jour le Mamiya 6 de Mathieu Drouet sans qu’il s’en aperçoive !!
2. Une autre question difficile (peut être)? Dites nous quelles sont vos photos préférées sur Flickr et pourquoi vous les appréciez.
On démarre par votre galerie..?
Vinciane : Difficile de savoir quel chemin prendre dans cette galerie car je touche à beaucoup de domaines très différents Commençons par le spectacle vivant car c’est par la photo de concert que tout a débuté, en 2002. Je ne mets que très peu de photos de live sur Flickr, tout le reste est visible sur le webzine Le Cargo!. Plus généralement, j’aime vraiment travailler en spectacle vivant car cela apprend à exercer son anticipation, pour peu que l’on proscrive l’utilisation de la rafale, bien-sûr. En spectacle, les émotions, les lumières et les couleurs sont généralement là, donc il est vraiment possible de travailler sur des cadrages sans concession, très précis et, bien entendu, prendre vraiment le temps d’apprendre à déclencher au moment le plus juste.
En reportage maintenant, même s’il est difficile d’isoler une photo ou deux, j’aimerais revenir sur cette photo, prise au Vietnam en octobre dernier. Prise avec ma focale de prédilection (35mm), elle raconte -je l’espère- beaucoup de ce que j’ai appris de ce pays en le visitant. La manière dont les enfants se touchent le nez lorsqu’ils voient des occidentaux, la sortie de l’école (non mixte), les deux-roues, les mamans occupées à leur étal devant la maison…
Cette photo a été prise à Belgrade en octobre dernier, alors que j’y étais invitée en résidence sur le projet La nostalgie appliquée. Je pense qu’elle est assez révélatrice de ma manière de travailler en reportage, c’est-à-dire d’éviter le misérabilisme, le voyeurisme et toute autre forme de condescendance. Je préfère me concentrer sur la mise en valeur des sujets, de ce qu’ils sont, de leurs fiertés, de leurs espoirs…
Et enfin, un rapide détour par ma collection de portraits. Autant je suis une grande admiratrice des portraitistes, autant je m’en sens encore très loin en termes de démarche. En portrait, je travaille énormément avec les couleurs, j’aime la vivacité qu’elles apportent. Souvent ce sont de simples aplats (un mur de couleur, un buisson…) et je ne privilégie jamais le cadre sur la personne que je photographie. J’aime beaucoup travailler avec une profondeur de champ très limitée, pour centrer l’attention sur la personne. Je choisis de montrer ici un peu autre chose. Il s’agit de portraits pensés sous l’angle d’une thématique: les soeurs.
Et maintenant les photos des autres membres Flickr ?
Quand on prend le temps de se balader un peu dans les groupes, les explore etc, cela devient vite intimidant, au point qu’on en revient souvent à son cercle et aux quelques personnes que l’on suit depuis un temps. Je me rends compte malgré tout que les personnes dont je suis le travail depuis longtemps sont passées par cette interview récemment (Emmanuel Smague, Eric Lafforgue, Hughes Leglise, Pierre Belhassen, Bertrand Degove… pour ne citer qu’eux). Ensuite, il y a toute “ma clique”, les photographes qui sont à la fois mes amis et mes mentors, les gens qui m’inspirent et me guident sans parfois le savoir.
C’est avant tout Mathieu Drouet (Izo), qui m’a initiée et soutenue depuis le départ avec une économie de mots et de conseils assez étonnante. Une sorte de tuteur qui vous aide à pousser bien droit sans intervenir directement. Je lui dois tout.
Chacune de ses images m’apprend tellement qu’il m’est bien difficile d’en isoler une plutôt qu’une autre… Dans son interview figurent certaines des photos majeures de son stream, alors j’ai pêché celle-ci, un peu plus ancienne. Elle fait partie des photos fondatrices sans qu’on s’en rende compte. A la frontière entre la photo plasticienne et le reportage.
Vient ensuite la galerie de ma très chère Calinore. Nous avons fait nos premiers pas de photographes en parallèle sur une autre plateforme quand flickr n’existait pas encore. Elle photographie tout autre chose, tout autrement, avec un oeil extraordinaire pour les constructions enchâssées.
J’aimerais aussi revenir sur le travail de Kevin et sur celui de Niels, qui ont également répondu à cette interview précédemment. Leur manière d’aborder les sujets (Kevin) et la lumière (Niels) m’a énormément influencée et je leur voue une profonde et sincère admiration.
Quelqu’un d’un peu particulier maintenant, Frall, ma soeur, qui ne cesse de m’étonner par sa créativité, son application, son grain de folie, notamment dans les autoportraits.
J’aurais aussi aimé parler des galeries d’Alina, Caroline, Laurence, Ali, Renaud… et surtout de celle de Nathalie, qui ne fait parler que son intuition. En regardant sa galerie, on ne sent que générosité et douceur. Et le fait qu’elle ne semble pas avoir conscience de la qualité de ce qu’elle propose, ne fait que renforcer ce qui se dégage de ses images.
3. Quel conseil donneriez vous à quelqu’un qui débute dans la photographie ?
Vinciane : Je me sens assez mal placée pour donner des conseils…! Ce qui compte lorsque j’observe une série de photos, c’est la sincérité de l’auteur, sa cohérence et son respect du sujet… peut-être qu’en renversant cette idée sous forme de conseil, cela pourrait donner d’être vrai et empathique. En dehors de ça, il me semble judicieux, lorsqu’on débute, de garder les considérations techniques comme un moyen et non une fin, de commencer par envisager son rapport à l’image avant de regarder les comparateurs de performances techniques des magazines photo !!
4. Lorsque nous interviewons des candidats chez Flickr, nous leurs posons systématiquement cette question un peu spéciale : chatons, bébé, sunset ou fleurs? Choisissez un thème.
Vinciane : Sans hésitation, bébé. Je photographie énormément les enfants, les tout-petits, en essayant de travailler sur des thématiques au long cours (le rapport de la mère à l’enfant, la place de l’enfant…). Avec cette observation, j’espère aboutir à des images différentes des clichés qui viennent à l’esprit lorsque l’on dit “photo de bébé”.
5. Selon vous à quel autre membre Flickr devrions nous poser cette série de 5 questions ?
Vinciane : Ma talentueuse soeur ! Anne-Hélène.