5 Questions à Niels Ackermann

Notre invité du jour est Niels Ackermann (alias bretzelman). Yan Seiler lui avait passé le relais il y a quelques jours sur ce blog.

Niels Ackermann : J’ai 21 ans et je termine un bachelor en Sciences Politiques à l’université de Genève. En parallèle de cela, je travaille depuis un peu plus d’un an pour l’agence de presse suisse rezo.ch grâce à laquelle j’ai régulièrement la possibilité de réaliser des reportages pour la presse suisse et internationale.
Une fois mon bachelor terminé, je souhaiterais me consacrer à plein temps à la photographie, essentiellement de reportage. Je n’ai pas encore d’objectifs très clairement définis à ce niveau là mais une très forte envie de bouger.
Je travaille presque exclusivement en numérique depuis environ un an. Avant cela je mélangeais régulièrement argentique et numérique. Mais la hausse des prix des films et des produits, le peu de temps libre à ma disposition et l’amélioration de la qualité des capteurs fait que l’argentique n’a plus un grand intérêt à mes yeux. Je ne fais quasiment que de la couleur. C’est peu à peu devenu une habitude et j’aime la contrainte supplémentaire que ça apporte.

1. Je sais que cette question est difficile mais si vous ne deviez conserver qu’un seul appareil photo, ce serait lequel ?

Niels Ackermann : J’aime avoir toujours un appareil sur moi, mais il y a un douloureux compromis entre qualité et probabilité. Ma copine m’a offert l’an passé un petit compact (Canon Powershot A720is) qui fait de très bonnes images. Avec un peu de patience on peut en tirer des images assez chouettes.

Pendant des années j’avais toujours mon Lomo LC-A sur moi. Il est très facile à manipuler -une main suffit- et quand on sait où est quel réglage de distance, on peut photographier sans avoir besoin de regarder l’appareil. Si seulement le déclencheur n’était pas incroyablement bruyant on pourrait vraiment travailler incognito avec. Mais le temps que ça me prenait de développer les films et de les scanner m’a peu à peu découragé de l’utiliser.
Mais j’aime pouvoir tout contrôler dans une image et les compacts sont souvent un peu frustrants de ce point de vue là. Du coup, je pense que je garderais quand même un bon reflex avec une focale fixe passe-partout dessus.

J’ai depuis quelques jours enfin mon 5d mark II et il me semble assez proche de ce que j’attends de l’appareil idéal. Efficace même dans l’obscurité, un capteur capable de fournir des gros fichiers de 21 mpix pour certaines commandes corporate, la possibilité de travailler en raw à 10 mpix pour le travail quotidien, relativement compact et vraiment tout terrain. Avec un 35 ou un 50mm bien lumineux, j’ai à peu près tout ce dont j’ai besoin.

2. Une autre question difficile (peut être)? Dites nous quelles sont vos photos préférées sur Flickr et pourquoi vous les appréciez.
On démarre par votre galerie..?

Niels Ackermann : Difficile effectivement. J’aime bien expérimenter différentes choses en photo, mais ma grande passion depuis les manifestations contre G8 d’Evian en 2003 (qui avaient lieu dans ma ville, Genève, puisque Evian était complètement barricadée), c’est la photo de manifestations et tout ce qui touche au social. Je commence donc ce petit retour dans les archives par cette image prise durant l?évacuation du Rhino, le plus célèbre squat de ma ville.

Après ça fait du bien

Maintenant, j’aime moins faire ce genre de sujets au grand angle, je préfère jouer avec les plans avec des focales un peu plus serrées.

"Marx l'avait prédit"

Ou jouer un peu avec le mouvement :

Manif anti WEF    1er mai à Lausanne

Un autre thème sur lequel j’ai travaillé pas mal de temps et que je compte remettre sur la table, c’est les sans papiers. Pour diverses raisons, je n’ai pas mis sur flickr les images d’Andantes (mon travail encore en cours sur les travailleurs sans papiers en Suisse), à l’exception d’une (la mère d’un enfant bloqué à la douane au Guatemala alors qu’il tentait de la rejoindre en Suisse) parce que la lumière m’y plaisait vraiment trop.

Ambient light

La lumière est pour moi une des composantes les plus importantes dans les photos. Des fois elle prime même sur le sujet et sur l’information. Il m’arrive souvent de ne pas déclencher quand la lumière est trop terne. Quand c’est pour un travail personnel, on peut encore se permettre de revenir les mains vides. Le reste du temps, heureusement il y a le flash délocalisé.

Je m’étais dit pendant des années que les portraits, c’est pas fait pour moi, mais à force d’être obligé d’en faire pour le boulot (j’ai la chance de travailler pour l’agence genevoise Rezo depuis un peu plus d’un an), je commence à y prendre goût. Il y a encore des choses à perfectionner bien sur, mais j’y travaille.

Pierre Lemieux

Ce portrait de Pierre Lemieux, un des plus grands penseur libéraux (ultralibéraux diront certains) du moment n’est pas le meilleur que j’aie fait, mais il me fait toujours bien plaisir. Parti d’un hasard complet (on cherchait bêtement un coin joli – que je souhaitais symétrique- dans un lobby d’hôtel), on a obtenu quelque chose de symboliquement fort. On ne savait pas qui était la personne dans le tableau sur le mur. On rigolait à l’idée que ce puisse être un théoricien du socialisme ou que sais-je. Renseignement pris après coup, il s’est avéré que c’était Jean-Jacques Rousseau, à savoir l’exact opposé idéologique de M. Lemieux. Ca donne une autre saveur à la similitude des éclairages et aux directions des regards différentes. Mais ce sont de petites satisfactions purement égoïstes parce que peu de gens en voyant cette image sans la légende ad-hoc y remarqueraient la subtilité.

Et maintenant les photos des autres membres Flickr ?

C’est très dur parce que Flickr est plein de photographe fantastiques. Vu que j’ai la chance d’en avoir plein dans mes amis, on va commencer par eux. Kevin par exemple, à cause de qui je ne fais jamais de noir-blanc parce que je n’arrive pas à sa cheville pour le traitement. Ou Izo qui sera aussi tout bientôt sur ce blog et qui se présentera bien mieux que je ne pourrais le faire. Je lui dois énormément. C’est un des premier à m’avoir encouragé à mettre mes photos en ligne et à expérimenter plus.

Romain, mon fidèle acolyte commence peu à peu à se faire plaisir en expérimentant différentes approches visuelles. Je me réjouis de voir ce que ça va donner à la sortie de sa formation. Je suis sûr qu’il va finir plasticien et ça me ferait bien marrer. Dommage que son flickr ne présente qu’une petite partie de son travail.

Crimes    Bis

Vinciane n’arrête pas de se rabaisser, alors qu’elle fait des photos pleines de poésie.

drou & the candy kid

Gonzale insuffle aussi une touche de féminité très appréciable dans ses photos de manifestation ou dans ses captures du quotidien.

escape II    peek

Dans les gens que je ne connais pas physiquement, j’aime bien voir des choses un peu expérimentales ou que je ne fais jamais. J’aime beaucoup tout ce qui a trait au corps humain. On trouve des nus de très grande qualité sur flickr.

Les photos de tetheredto, deux jeunes femmes au quotidien étrange sont toujours très prenantes, à la fois crues et sensuelles.

Apophenia

Les photos de Lou O’Bedlam, tant au Polaroïd qu’en moyen format sont aussi très poétiques.

Laura & Light & Cookies & Chicken (Cookies & Chicken not included)

Il y a aussi les magnifiques moyen formats de Cavalleron :

untitled    13

3. Quel conseil donneriez vous à quelqu’un qui débute dans la photographie ?

Niels Ackermann : Quand on veut, on peu. C’est valable dans la photo et dans tous les autres domaines. Le meilleur moyen d?apprendre me semble être de pratiquer beaucoup, et de confronter ses images au regard des autres. N’importe quel spectateur est un très bon prof potentiel de photos. Il faut arriver à se remettre en question régulièrement, identifier ses erreurs et tout faire pour ne pas les reproduire.
Ceux que j’ai vu le moins progresser au fil des ans sont toujours ceux qui écartent la moindre remarque ou le moindre conseil d’un revers de la main ou qui font semblant d’y prêter attention mais qui n’en tiennent jamais compte.
Tout ce qui touche à l’art a cela de magnifique qu’on ne peut jamais finir de l’apprendre et de s’y perfectionner alors la remise en question doit être permanente.

4. Lorsque nous interviewons des candidats chez Flickr, nous leurs posons systématiquement cette question un peu spéciale : chatons, bébé, sunset ou fleurs? Choisissez un thème.

Niels Ackermann : J’aime bien un peu tout, avec peut-être une légère réticence pour les fleurs et les couchers de soleil que je trouve terriblement mièvres. Mais vu que j’adore photographier les animaux je vais dire chatons. Mais, n’ayant pas de photos de chatons, je vais saisir l’occasion pour présenter un chien tout détrempé à la place. Je l’avais photographié avec mon lomo pendant un voyage en Corse en 2005. Absolument aucune visée. J’avais juste tenu l’appareil près de son visage, ce qui a dû l’effrayer. L’image ne veut pas dire grand chose, mais son aspect un peu psychédélique me plaît toujours énormément.

Séjour en Corse

5. Selon vous à quel autre membre Flickr devrions nous poser cette série de 5 questions ?

Niels Ackermann : il y en a tellement à qui j’aimerais passer le témoin. C’est dur. J’aime beaucoup le travail d’Alexandre Pires et j’aimerais bien en savoir un peu plus sur lui et ses images alors c’est à lui que je passe le tour.